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  • Photo du rédacteurJacques Vienet

Couverture santé des séniors : les choix et les tarifs du marché




La France compte près de 20 % de personnes de plus de 65 ans, et avec le vieillissement de la population, leur nombre va fortement progresser dans les années à venir, pour atteindre un quart de la population en 2040. C’est dans ce contexte que le cabinet d’actuariat Addictis s’est livré à une étude comparative des offres de complémentaire santé individuelle à destination des séniors, les 55 ans et plus dans ce cas de figure. « C’est un marché porteur, en croissance structurelle, donc non saturé, et qui peut être source de multi-équipement en prévoyance », souligne Eugénie Poyet, senior manager assurance de personnes au sein d’Addactis.


L’anti-sélection


L’antisélection ou sélection adverse met à mal l’aléa propre à l’assurance du fait d’une asymétrie d’information entre l’assureur et l’assuré. Ce dernier, dans le cas de la complémentaire santé, va orienter ses choix de souscription en regard de ses risques et pathologies.


Concurrence


L’étude classe les quelque 400 niveaux de garanties analysées en quatre segments. L’entrée de gamme intègre 11% de niveaux non responsables (prise en charge unique de l’hospitalisation ou incomplète sur certains postes) et majoritairement des paniers de soins au minimum de la réglementation du contrat responsable. « C’est un segment très standardisé où l’on retrouve partout peu ou prou les mêmes garanties. Il est surtout caractérisé par une guerre des prix », analyse Eugénie Poyet.

Le « milieu de gamme – » améliore la prise en charge sur les postes classiques (dentaire, optique, appareillage) et s’ouvre aux prestations non remboursées par la Sécu. Le « milieu de gamme + » poursuit l’amélioration de la prise en charge, mais se distingue avec de « vrais partis pris ». « La concurrence se joue pour l’essentiel sur le milieu gamme, avec la volonté de se différencier en portant davantage l’effort soit sur l’optique et les médecines douces, soit sur l’hospitalisation et l’appareillage », poursuit Eugénie Poyet, qui pointe « l’asymétrie entre les besoins perçus et réels » des séniors, qui « n’ont pas en tête le risque de pointe ».


Offres peu modulaires


Quatrième et dernier segment, le haut de gamme, qui propose en fait généralement des remboursements généreux uniquement sur certains postes et qui fait assez rarement le choix du non-responsable (8% des niveaux étudiés). Là, comme pour les autres assurés, l’innovation sur les prises en charge est bridée par la réglementation, mais, dans le cas des séniors, elle l’est aussi par la crainte de l’antisélection, comme l’explique Cécile Paradis, associée Addactis en charge de la tarification et des données : « Le marché est fortement animé par les compa­rateurs, avec une clientèle plus volatile et avertie. Une gamme peut facilement être techniquement déséquilibrée dans le cas de garanties mieux-disantes assorties d’une tarification mal ajustée. »

C’est d’ailleurs pourquoi les contrats complémentaires santé séniors se révèlent « assez peu modulaires », selon Eugénie Poyet : « Aucune garantie n’est directement à la carte. La tendance est plutôt à une fausse modularité, qui donne un peu de liberté au client dans ses choix de garanties tout en permettant un contrôle des dérives. » Au bout du compte, la construction d’une offre sénior et sa tarification se révèlent un exercice « particulièrement fastidieux », note l’étude. « L’approche tarifaire doit intégrer tout à la fois une bonne combinaison de garanties, un nécessaire équilibre technique et le tarif du concurrent », résume Cécile Paradis.

Assez logiquement, l’étude comparative d’Addictis montre davantage d’hétérogénéité dans les tarifs sur les segments milieu de gamme + et haut de gamme, au regard d’une certaine diversité dans les prises en charge et les garanties. Mais quels que soient les choix, l’étude souligne bien que « l’âge est un critère déterminant dans l’indexation des tarifs ».


Taux d’effort élevé


Autrement dit, les évolutions sont les mêmes, peu importe la gamme et le lieu d’habitation, à savoir un taux de croissance moyen de 1,6% entre 57 et 60 ans, et qui atteint 2,5% entre 67 et 72 ans. « L’avancée en âge s’accompagne d’une hausse de la fréquence et du coût des sinistres, notamment en lien avec les hospitalisations. Et les tarifs traduisent de plus en plus la réalité du risque », décrypte Cécile Paradis. L’étude pointe d’ailleurs « un taux d’effort » particulièrement élevé pour les retraités, « surtout pour les profils les plus âgés et les plus modestes ». De fait, il faut compter près de 100 € par mois pour une couverture milieu de gamme à 62 ans, alors que la retraite moyenne se situe à un peu moins de 1 400 € net, selon la dernière étude du service statistique des ministères sociaux portant sur des chiffres de 2019.

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